L’automotrice 111, ex-« train rétro »
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Après 80 ans de bons et loyaux services, la 111 fut encore la fière représentante du train rétro durant plus de 15 ans, avant de céder sa place et de se voir déclassée en voiture de service. Avariée lors des travaux de déneigement de l’hiver 2003-2004, elle fut condamnée. Des bénévoles du Blonay - Chamby en ont décidé autrement.
Mise en service en 1903, avec l’automotrice 12, aux Chemin de fer de la Gruyère (CEG), la CFe4/4 11 était totalement différente de la Be 4/4 111 connue aujourd’hui. Comme sa première dénomination l’indique, cette automotrice disposait d’un fourgon, qui occupait la majeure partie de la surface, et d’un compartiment de 3ème classe.
La plupart des automotrices d’origine des CEG reçut assez tôt plusieurs transformations, voire même une reconstruction. La 11 n’échappa pas à cette règle. Ainsi, sa caisse fut déjà profondément transformée en 1928. A cette occasion, son fourgon fut supprimé, faisant place à un nouveau compartiment de 2ème classe. La dénomination de la machine fut alors changée en BCe4/4.
En 1942, lors de la fusion des CEG avec les GFM, la motrice fut renumérotée 111.
Alors que la 112, non transformée, fut démolie dans sa 43ème année, la 111 reçut une cure de jouvence dans les années 1951-1953. A cette occasion, la caisse, ainsi que l’installation électrique, furent modernisées. Elle reçut les moteurs de 65 CV de la 115 modernisée précédemment.
En 1958 déjà, elle reçut des moteurs de 90 CV provenant des tramways de Zürich, et ses cabines de conduite furent totalement reconstruites.
En 1968, ses bogies furent encore transformés, et le compartiment de 1ère classe fut déclassé en 1977. Dès lors sa dénomination fut changée en Be4/4 111, et conservera son état jusqu’à aujourd’hui.
A partir du milieu des années 1980, un « train rétro » fut progressivement constitué à partir d’anciennes voitures, transformées en bar et en salon. La 111, la plus ancienne automotrice des GFM fut alors toute désignée pour assurer la traction de ce convoi historique. A cette occasion (lors de la R3, le 1.9.1984 ?), elle échangea sa robe « vert-wagon » contre la couleur vert clair d’origine des CEG. Ainsi elle fut le symbole du train historique de la Gruyère durant environ 15 ans.
Mais bientôt, les temps glorieux de la 111 s’achevèrent. Une révision devenait nécessaire, mais les GFM décidèrent de rénover plutôt l’automotrice 116 en raison de sa puissance et sa vitesse nettement supérieure, permettant de remorquer le train rétro sur la ligne du MOB. En l’an 2000, lors de la remise en service de l’automotrice 116 nouvellement reconstruite, la 111 fut alors reléguée à la réserve.
Au début de 2002, un incident de manœuvre porta un coup supplémentaire sur le sort de la 111, qui fut légèrement endommagée. Elle fut alors déclassée en automotrice de service Xe4/4 111. Elle passa son centenaire dans l’indifférence totale.
Durant l’hiver 2003-2004, alors qu’elle effectuait des courses de déneigement, un bloc de résistances grilla suite à une mauvaise manipulation. Les TPF décidèrent de ne pas la réparer, et encore moins d’envisager une révision. Elle fut garée, et devait servir de banque d’organes.
Durant l’été 2004, son sort s’illumina d’un rayon de soleil. Des bénévoles du Blonay - Chamby ne voulurent pas voir cette machine centenaire terminer ainsi sa carrière. Au contraire, ils avaient grandement besoin d’une automotrice supplémentaire. Une convention pour 10 ans fut passée avec les TPF. Les gens du BC remirent en état de marche l’automotrice qui circulera pour le plus grand plaisir de tout le monde sur la ligne musée.
- La 111 connaît déjà la remise du BC
- Où elle se trouve ici entre l’automotrice du Monthey - Champéry et celle de Loèche. (TP/juin 1997)
L’avenir de la 111 n’est toutefois pas assuré. En effet, pour entrer définitivement dans la collection du BC, un véhicule doit être en « livrée d’origine » (caisse et peinture en état d’origine). Hors cette automotrice n’a plus que le châssis d’origine, tout le reste ayant été reconstruit et transformé au fil des ans. Elle est donc, pour le BC, moins prioritaire que d’autres, mais l’important pour l’instant, était de la sauver d’une démolition certaine. Il est à relever qu’à part la TL28 (dernier survivant en Suisse des trams de Lausanne), tous les véhicules du BC ont quasiment retrouvé leur livrée d’origine.